J’ai vu sur Facebook cette photo. Peut-être vous aussi. Elle a été plusieurs fois partagée et commentée. J’ignore par contre d’où provient la source.

 

On peut remonter jusqu’à 1650-1700 grâce aux registres paroissiaux mais de nombreux obstacles peuvent stopper les recherches, nous dit-elle. Sont-elles vraiment stoppées ? Reprenons un à un les obstacles donnés et voyons s’il en s’agit vraiment. Je ne nie pas que, parfois, il est impossible d’aller plus haut et qu’on est vraiment stoppé.  Mais j’ai plus l’habitude de regarder dans les coins et recoins, les contours, les virages que dans la ligne droite.

 

 

1/L’Afrique ?

 

Posons-nous d’abord la question : Quel pays d’Afrique ? Les colonies françaises ont eu un état civil indigène en tout cas à ma connaissance, et un état civil pour les Français habitant là-bas. Il existe sinon la tradition orale qui permet de remonter. Certes il n’y a pas de documents écrits mais cela permet d’avoir une généalogie précise quand même quand cette mémoire a été conservée. Ne la négligeons pas. Nous avons l’habitude de l’écrit, des preuves. C’est notre culture. Mais toutes les civilisations ne fonctionnent pas comme nous. Ouvrons notre esprit et écoutons ce que les autres ont à nous dire.

 

2/Les archives et la guerre ?

 

N’oublions pas la Normandie ou le Nord qui ont subis aussi de lourdes pertes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il n’y a pas que l’Alsace, La Lorraine, les Ardennes. Toutefois, peut-on passer outre ces pertes d’une manière ou d’une autre ? OUI ! En utilisant un autre type de document conservé aux Archives Départementales, comme les archives notariales, le contrôle des actes et l’enregistrement, les terriers, la justice par exemple, ou d’autres services d’archives comme les archives diocésaines. Bien évidemment, dans ces cas-là, il faut faire au cas par cas, en fonction de ce qui reste à notre disposition.

 

C’est la même question à se poser aussi pour Paris, en pensant en plus état civil reconstitué. Il faut faire en fonction des fonds qui ont été conservés. Cela peut être frustrant mais c’est possible. Et si tout a vraiment brûlé, sans aucune possibilité de pallier aux manques d’une manière ou d’une autre, eh bien dans ces cas-là, il faut accepter la frustration que cela peut engendrer en nous. Et se dire que c’est peut-être le moment de mettre de la chair pour les autres branches. Certes celles-ci seront moins fournies, moins épaisses, mais on peut retirer de la satisfaction par ailleurs. Autant ne pas s’en priver.

 

3/Protestants et Juifs ?

 

Il existe des registres pour eux aussi. Les registres des carrières, par exemple, pour les juifs du Comtat-Venaissin sont à la fois en français et en hébreux et peuvent nous permettre de remonter jusqu’au XVIIème siècle. Donc il est possible de remonter malgré tout.

 

De même, pour les protestants, pensez archives notariales si les registres du Désert ont disparu. Et n’oubliez pas que les pasteurs protestants, pendant les dragonnades bougeaient pour se mettre à l’abri. Et parfois faisaient des centaines de kilomètres. J’ai ainsi un pasteur qui circulait entre l’Ariège et la Lozère, baptisant, mariant et enterrant les protestants qu’il rencontrait au fil de ses pérégrinations sur son registre, en fonction du déplacement des troupes du roi. Son but étant bien sûr d’éviter de se faire prendre.

 

4/Adultère ou abandon ?

 

Sauf s’il est né de parents inconnus, là il est vraiment difficile d’aller plus loin concernant l’ascendance de l’enfant à moins d’un miracle, n’oubliez pas les déclarations de grossesse dans la série de la justice pour l’Ancien Régime qui peuvent vous donner des indications sur le père putatif, la manière dont il a séduit la mère, etc. Et donc vous permettre de remonter une branche que vous pensiez perdue à jamais. De même les notaires, encore eux, peuvent vous permettre de retrouver la pension qu’il accorde à la mère célibataire pour l’éducation de leur enfant.

 

Et si vous avez un enfant abandonné au XIXème siècle, qui ont été ses nourrices ? Où a-t-il été placé ? Vous êtes-vous interrogés à ce sujet ? Que disent les archives de l’hôpital où il a été abandonné ?

 

5/Ascendance noble et royale inexistante ?

 

Et alors ? Où est le problème ? Il n’y a pas que les nobles et les rois dans la vie. Non mais c’est vrai, pourquoi se focaliser uniquement sur eux et croire (faussement) que seules leurs généalogies permettent de remonter haut dans le temps ? Parce que cela relève uniquement de la croyance et pas de la vérité.

 

Prenez le problème autrement : Dans quelle partie de la France vous situez-vous ? Jusqu’à quelle date vont les archives autres comme celles des notaires, des terriers, des reconnaissances féodales, des monastères et églises ? Eh oui, au cas où vous n’auriez pas compris, elles sont une mine pour pallier les manques des registres paroissiaux. Cela peut vous permettre de remonter très loin dans le temps tout en ayant une ascendance roturière, en fonction des fonds que vous pouvez rencontrer.

 

Certains fonds, surtout dans le Midi pays de droit écrit, peuvent vous permettre, une fois les obstacles de la langue et de la paléographie passés (cela demande d’autres compétences mais cela permet de vous enrichir culturellement parlant, ainsi que de continuer à apprendre, alors ne vous en privez pas), ils vont vous permettre disais-je de remonter jusqu’au XIIème siècle parfois.

 

C’est ainsi, par le biais de baux ecclésiastiques, que j’ai pu remonter une famille d’agriculteurs jusqu’en 1337. Ce ne sont pas des nobles, loin de là. Mais 1337 ! Comme quoi ! Il n’y a pas que les nobles dans la vie pour lesquels on peut remonter haut. Faut pas croire !

 

Bref vous l’avez compris, il n’y a pas que l’état civil et les registres paroissiaux dans la vie. Bien au contraire. Bien au contraire. Ils ne forment qu’un squelette. Allez au-delà ! N’ayez pas peur de franchir des obstacles ! Faites-vous accompagner si besoin est. Tout un monde, parfois pas encore numérisé, vous attend pour vous permettre de remonter bien plus haut (mais différemment) que ce que vous pensez. Alors surtout, ne vous en privez pas. Ce serait dommage de passer à côté.